Aujourd’hui nous pouvons dire qu’entre la France et le Mexique, nous avons les meilleurs relations qu’il soit possible d’établir,
a déclaré le président François Hollande. Le 23 janvier 2013 a en effet marqué un évènement important pour les relations franco-mexicaines : la libération de Florence Cassez, emprisonnée depuis sept ans au Mexique.
L’affaire Cassez
Le 8 décembre 2005, Israel Vallarta et Florence Cassez ont été arrêtés par l’AFI, l’Agence Fédérale d’Investigation au Mexique. Le premier est soupçonné d’être un des membres les plus importants d’un gang renommé, Zodiac. Cassez, elle, est accusée d’être complice d’enlèvement, de possession d’armes, mais aussi d’association avec les malfaiteurs. Florence Cassez est envoyée au commissariat sans la possibilité de contacter le consulat français. En mars 2009, après plusieurs rebondissements judiciaires, elle est finalement condamnée à 60 ans de prison. Malgré les efforts incessants de Nicolas Sarkozy, « Flo » n’est pas autorisée à purger sa peine en France ; le refus de ce transfert par le Président mexicain de l’époque, Felipe Calderon, s’explique par sa conviction que Cassez était bien coupable.
En sus du manque de preuves concrètes de la culpabilité de Florence Cassez, le système judiciaire mexicain est responsable de nombreuses fautes procédurales qui auraient dû aboutir à une relaxe immédiate. Le fait qu’elle n’ait pas eu droit de contacter le consulat de France, la mise en scène de l’arrestation, le premier jugement à huis clos et la médiatisation immédiate de l’affaire, sont autant d’éléments qui ont entaché la bonne marche du procès.
Les répercussions sur les relations franco-mexicaines
L’annulation de l’année du Mexique en France, en 2011, a été la conséquence la plus médiatique de l’affaire Cassez. Lorsque Nicolas Sarkozy annonce souhaiter dédier l’année du Mexique à Florence Cassez, les autorités mexicaines décident d’annuler l’envoi de leurs œuvres d’art en France, estimant que les conditions d’organisation “n’existaient pas” pour la mise en place de cette manifestation, malgré les quelques 23 millions d’euros déjà dépensés.
Malgré ces remous, l’affaire Cassez n’a pas beaucoup affecté les relations commerciales entretenues par les deux pays. En 2010, le Mexique était le second partenaire commercial de la France en Amérique Latine, après le Brésil. Près de 400 entreprises françaises sont installées au Mexique. La France bénéficie grandement des échanges avec les Mexicains puisque ses échanges commerciaux sont excédentaires avec le Mexique. Le nombre de contrats en préparation à l’époque, que ce soit dans le domaine de l’aéronautique ou de la pharmaceutique, et le revenu que ces contrats représentent pour la France comme pour le Mexique montrent que cette affaire n’a eu que peu de conséquence dans leurs relations commerciales.
La libération tant attendue n’a pourtant pas mis fin aux polémiques
La libération de Mlle Cassez le 23 janvier 2013 est source de nouvelles polémiques. La nouvelle décision, rendue possible par le changement de président au Mexique, divise le peuple mexicain. Une première catégorie de personnes, comme certains juges, affirme que les irrégularités du procès auraient dû invalider les charges et que la libération de la jeune femme doit désormais servir d’exemple pour une plus grande transparence dans la justice mexicaine. Une autre catégorie, qui rassemble quelques 74 % des Mexicains, selon un reportage d’Al-Jazeera en 2012, estime qu’elle est bel et bien coupable. De nombreux membres de Alto al Secuestro, une organisation qui milite pour la fin de la criminalité et l’insécurité au Mexique, sont de cet avis.
La relaxe de Florence Cassez est une victoire pour sa famille et ceux qui l’ont soutenue pendant de longues années. C’est aussi une aubaine pour les responsables politiques français, en manque de reconnaissance en ce moment. Enfin, ce dénouement est peut-être une opportunité pour la justice mexicaine, qui lutte pour son indépendance envers la sphère politique et pour renforcer la mise en application scrupuleuse des procédures.
- Géraldine Villeroux
(Image à la une: par Jesús Villaseca Pérez., Flick, Creative Commons)
The Political Bouillon est le seul journal-web indépendant et bilingue qui rejoint et fait participer les universités McGill et Concordia.
Notre projet est assisté financièrement par les Associations des Étudiants en Sciences Politiques des universités McGill et Concordia.
L’objectif du journal est de permettre une discussion ouverte, emballée mais respectueuse sur les sujets d’actualité politique. C’est notre regard d’étudiant sur le monde!