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« L’otanisation » tranquille du marché unique





Posted by: Thy Anne Chu Quang  Tags: accord,Allemagne,ETATS-UNIS,Europe,libre echange,Union Europeenne  Posted date:  août 1, 2013  |  No comment


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Les négociations en vue d’un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) auront finalement débuté sous l’ombre du big brother américain, dévoilé par l’ex-agent de la CIA Edward Snowden. Pour les exaltés de l’intégration européenne, ces récentes révélations sont des évènements marginaux qui ne doivent en aucun cas entraver la route glorieuse menant vers le libre-échangisme.

La mondialisation capitaliste est, en quelque sorte, devenue la seule vérité valable des temps modernes. S’y opposer s’avèrerait hérétique ou pire encore serait vu comme un dysfonctionnement mental, un renfermement sur soi ou un refus de l’autre. L’UE s’apprête ainsi à conclure l’accord de libre-échange le plus important de notre Histoire avec la deuxième puissance économique au monde, et ce, sans l’aval démocratique des peuples européens.

Il va de soi qu’un gouvernement prend des décisions sans toujours avoir à se référer au peuple. Toutefois, nous sommes en droit de se demander si la légitimité démocratique (sur le plan symbolique, bien entendu) est suffisante pour mener à terme un accord économique de cette envergure; puisqu’il est question de tous les secteurs économiques confondus, à l’exception d’une partie du secteur culturel de la France.

Il s’agit donc de la mise en compétition des entreprises européennes avec des entreprises américaines, forçant ainsi aux premières de s’ajuster à la baisse conformément aux normes sociales, environnementales et sécuritaires bien inférieures des deuxièmes. La mise en compétition entre les deux puissances économiques s’apparenterait donc plutôt à du dumping social et environnemental.

Pourtant, et malgré les nombreux scandales concernant la surveillance des Européens par les Américains, l’UE va de l’avant. Pourquoi? Dévotion aveugle au libre marché? Recherche absolue de la désubstantialisation (tendance à dissoudre la réalité matérielle) des peuples? Ces réponses ne suffisent pas. Il est question de certains intérêts économiques, pas nécessairement partagés par tous, mais du moins par un acteur et non le moindre, l’Allemagne.

Son alter ego de toujours, la France, qui cherche encore sur quel pied danser, s’est vu refuser un temps d’arrêt temporaire des négociations du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI), suite aux révélations Snowden. Une décision allemande que justifie l’économiste Jacques Sapir par le fait que l’Allemagne aurait trop à perdre d’un report éventuel des négociations. Selon lui, c’est l’effondrement du marché unique qui pousserait l’Allemagne à vouloir une entente à tout prix avec les Américains: « Même si le PTCI détruit des emplois en Allemagne, la baisse de la population active que l’on connait et qui va s’amplifier dans les dix ans à venir compensera cela. »

Dès lors, la question se pose: à qui profite réellement l’Europe? Aux Européens ou à certains Européens? La dévolution ascendante de la souveraineté populaire, c’est-à-dire l’attribution de ses pouvoirs à une entité plus vaste comme l’UE, ne se retrouve-t-elle pas à renforcer la ou les puissances qui composent le bloc régional en question? Ou, pire encore, à renforcer le pouvoir des néobourgeois, cette nouvelle classe ultra-riche née de la mondialisation capitaliste, des citoyens du monde détachés de tout sentiment d’appartenance et donc de solidarité?

En soi, l’accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l’UE est-il une bonne chose? Pour les Américains, nous pourrions répondre sûrement, puisqu’il est tout simplement question de renforcer leur hégémonie, par l’entremise d’une normalisation de leurs rapports économiques avec une puissance économique et politique très divisée. Quant aux Européens, il est important de rappeler que le fondement principal de leur unité réside dans le marché unique. Ainsi, non seulement cet accord enlèverait le caractère « unique » de ce marché, mais encore, il mettrait en danger cette unité fondamentale.

Ainsi, après avoir forcé les Européens à se plier aux standards et régulations américains en matière militaire, par l’entremise de l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord (OTAN) et ainsi d’assurer leur hégémonie militaire par la coercition, les Américains chercheraient-ils à en faire de même en matière économique avec les Européens? Soit une deuxième otanisation de l’Europe, mais cette fois économique. Cette otanisation économique de l’Occident est d’ailleurs en parfaite logique avec la théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington.

- Pier Alexandre Lemaire

(Image à la une: PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification European Parliament, Flickr, Creative Commons)






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